« La partie n’est pas gagnée…ils sont sur la défensive ! »… « Je ne sais pas ce qu’il m’a pris, je n’ai pas pu m’empêcher d’exploser ! »…. « Tout le monde s’y est mis, je ne dominais plus rien….alors j’ai paniqué. »… « Impossible de proposer quoique ce soit…ils sont totalement obtus et sourds à toute discussion »…
La liste de tels propos entendus serait longue…
Certaines situations de communication sont d’emblée vouées au blocage mais bien plus nombreuses sont celles où l’on peut agir positivement….
De plus en plus d’étudiants candidats à des masters 2 ou autre grande école, doivent passer un « grand oral » devant un jury pour faire partis des heureux élus…. A leur âge souvent très jeune, ils sont dépourvus d’outils, d’attitudes adéquates, ils sont remplis d‘affects, car l’expérience leur manque encore….
Que ce soit pour expliquer, convaincre, informer, prendre la parole à l’occasion d’un exposé ou d’une réunion, il s’agit en effet de prendre le risque de s’exposer, se mettre dans le rôle d’un guide attentif à son public…. Pas facile quand l’université ne nous transmet le plus souvent que des savoirs académiques et rarement des attitudes et des grilles de lecture comportementales…
Combien d’étudiants s’isolent alors de leur public… les spectateurs passifs les « écoutent poliment », voyant défiler une série de slides Powerpoint souvent trop nombreux et mal ciblés.
Au théâtre on dit d’un comédien qu’il passe la rampe. Il en va de même pour ces étudiants ou pour tous les acteurs de l’entreprise. Pour être écouté, mieux, pour être entendu, l’orateur doit donner de lui une image cohérente : cohérence entre ses attitudes, son discours, son public, ses objectifs.
Les difficultés souvent rencontrées par les participants sont alors de 2 ordres :
1. Celles qui relèvent de l’expression comme gérer son trac, donner une image de soi cohérente, maîtriser sa voix, son corps et son image, être réactif…
2. Puis celles qui concernent la stratégie et les propos à tenir, c’est-à-dire adapter ses propos, les rendre accessibles, adapter ses attitudes selon le contexte, être conscient de son rôle, maîtriser ce qu’il faut dire et ne pas dire, avoir un message essentiel, savoir écouter, faire preuve d’autorité pour ne pas se laisser « embarqué » sur des terrains à éviter…
L’enjeu, pour tout étudiant mais plus largement pour tout orateur, et quelle que soit la situation est donc de garder le pouvoir de la parole et ne pas se laisser dépasser ou déposséder par un tiers, membre du jury par exemple.
L’orateur doit apprendre à transmettre « bien » ce qu’il a à dire, et seulement ce qu’il est légitime de dire.
Connaître le fonctionnement des jurys et les contraintes auxquelles sont soumis ceux qui évaluent, savoir se préparer pour une intervention, tant sur le message que sur l’aspect physique et émotionnel, sont autant de facteurs d’efficacité.
Faire court, simple et imagé, rester calme, contrôler son débit et son émotivité, être centré sur son message essentiel, connaître et mesurer les enjeux de son interlocuteur… tous ces points se travaillent !
3 conseils à nos étudiants, en ces temps de « grands oraux » :
1.Identifier et travailler ses capacités d’expression :
* Utiliser efficacement ses propres « outils », s’entraîner devant un public acquis et « pédagogue » pour recevoir un feedback constructif et bienveillant … : sa voix, sa gestuelle, sa respiration, ses attitudes liées à l’utilisation de l’espace, son regard…
* Oser personnaliser ses prises de parole : sortir du discours académique formaté, aller chercher ses interlocuteurs sur le terrain émotionnel, oser être différent !
2.Evaluer et accroître son impact face aux autres :
* travailler une image de soi assurée, sécurisante, favorisant l’écoute : établir un rapport au jury efficace, se rendre disponible, ouvert…
* s’attacher à donner une image congruente de soi
3.Convaincre :
* Tenir des propos contrôlés, adaptés et structurés (langage, vocabulaire, organisation, utilisation d’exemples, argumentation)
* S’impliquer dans son discours et dans sa relation au jury, parler de soi, faire le lien entre soi et son discours pour l’habiter complètement !
Réussir son Grand Oral, c’est trouver du plaisir à parler…. Et ce n’est que par l’expérimentation qu’en matière d’expression des progrès sont faits.
Alors un dernier conseil, entraînez-vous, devant vos amis, votre famille, votre miroir !! Filmez-vous, regardez-vous, soyez intraitable avec vous-mêmes, en deux mots, PREPAREZ VOUS !!