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Au cours de ce troisième article, je vous propose de définir les spécificités intellectuelles du chien et, surtout, la chance que ces particularités peuvent nous offrir dans nos relations professionnelles, en vue d’un accordage émotionnel bénéfique à tous. Puis, voyons ensemble comment, de façon pratique, notre rapport à l’autorité peut se voir grandement assaini grâce à une meilleure compréhension du lien maitre/chien.
Le chien, ce fabuleux médiateur
L’humain dispose d’une intelligence conceptuelle, faite de représentations symboliques, d’imaginaire, une intelligence portée par le langage, la parole.
Le chien, lui, met en œuvre une intelligence réactionnelle, intuitive et pratique, offrant aux comportements humains une réponse instantanée et lisible.
Réactionnelle, tout simplement parce que ses réponses sont constituées d’actions motrices.
Intuitive, car le contexte suffit à déclencher chez lui un acte physique, qu’il soit moteur ou non-verbal.
Pratique dans la mesure ou sa perception du temps est limitée à l’action. Le chien a donc besoin, de façon pratique, d’un déclencheur pour reproduire un schéma ou, tout simplement, agir.
Nous comprenons donc que la structure relationnelle du chien est simplifiée. Il ne juge pas, ne critique pas, ne se moque pas, ne ment pas… Par un langage nourri de tonalités et de non-verbal, il relève ainsi spontanément nos intentions, qui nous sommes.
Illustration
Prenons l’exemple d’un chien tenu en laisse par son maître au cours d’une balade. Le degré d’attention du chien démontrera l’intention de celui qui tient sa laisse : plus ce dernier est ferme dans ses ordres, plus il est valorisant dans ses félicitations, plus le chien se connectera à lui.
Le chien est réceptif aux moindre signaux émis. Sa réaction quasi immédiate à nos comportements, notamment dans l’exercice de l’autorité, facilite l’accordage entre notre comportement et sa réaction.
Si nous poussons le curseur un peu plus avant, nous pouvons sans mal avancer que le travail en interaction avec le chien permet un rééquilibrage entre la raison et les émotions, qui sont souvent le moteur de nos actions.
Le chien ressent et réagit à nos émotions car il cherche à s’y adapter au mieux, en fonction de son filtre social.
Interpréter la réaction du chien avec nos critères humains, notre propre cadre de référence, – c’est ce que l‘on nomme ‘’anthropomorphisme’’ – constitue une boucle négative, non seulement pour le chien, mais aussi pour l’humain.
Comprendre ceci permet de ne pas projeter sur le chien – et sur l’autre, par pure transposition – ses propres émotions, et ainsi de rationnaliser la relation.
Afin de faire le lien avec le monde de l’entreprise, nous allons donc observer, vous l’aurez compris, les comportements indésirables émanant des chiens, ou plus justement les comportements adaptatifs aux comportements humains.
La relation à l’autorité
C’est le degré de contrôle et de maîtrise de la relation.
L’un des critères sociaux du chien est le contrôle de l’organisation par un dominant. Dans le cas contraire, il est déstabilisé, ce qui entraine des comportements indésirables pouvant aller jusqu’à la pathologie.
Le maître représente le chef de meute. Le rôle de dominant lui revient. Lorsque ce rôle n’est pas assumé, on assiste à une prise de contrôle par le chien. Cette prise de contrôle s’accompagne de tensions entre le maitre et son chien, générant une déstabilisation complète du système composé de ces deux entités.
Le lien avec l’entreprise
La situation en question est souvent rencontrée par le maitre/coaché au sein de son entreprise. Les jeux de pouvoir envahissent son équipe, les tensions émergent, il se sent menacé et en perte de contrôle. Il a peur, se sent en danger et, la plupart du temps, il est montré du doigt par sa hiérarchie comme incapable de remédier à la situation.
Comme souvent en coaching, la prise de conscience de sa propre part de responsabilité dans la situation vécue n’est ni évidente, ni immédiate. Encore moins souhaitée. Pour le coaché, cela reviendrait à se nier soi-même.
Aborder la relation avec son chien permet d’une part d’exclure la responsabilité du chien – nous avons abordé ce point plus haut – et, d’autre part, de se concentrer uniquement sur sa responsabilité de maitre dans cette situation. Ce dernier va pouvoir exprimer ses émotions, les accueillir et en faire ‘’quelque chose’’.
Il est alors plus facile d’envisager un nouveau mode relationnel et de faire l’apprentissage d’un autre comportement. La réussite avec son chien, visible rapidement, ouvre un champ des possibles magistral et permet d’envisager sa responsabilité, cette fois ci dans la situation vécue en entreprise. De transposer en somme cette prise de conscience avec le chien à ce qui se passe au sein de l’équipe.
Le coaché peut alors convenir d’une observation importante : le cadre de référence de ses collaborateurs n’est pas toujours le sien, voire même jamais. Leur mode de fonctionnement non plus, comme cela est le cas pour le chien.
S’ouvrir aux autres, à leurs besoins, les écouter, s’aligner avec eux, se rendre flexible.. Nous revenons alors au « management » du 17e siècle. Lorsque les écuyers préparaient leurs chevaux. C’est faire preuve d’intelligence émotionnelle et relationnelle.
Dans le dernier épisode, nous établirons le parallèle possible entre les attitudes managériales et la relation du maitre au chien, en nous attachant précisément aux domaines suivants : le respect de la hiérarchie et la reconnaissance. Le tout ponctué d’exemples, bien évidemment.
Philippe Gaillard – Spécialiste Coaching Individuel de Managers et Cadres Dirigeants
Coach professionnel, conseil en organisation et stratégies de changement, superviseur de coachs.
Philippe Gaillard, Coach professionnel, conseil en organisation et stratégies de changement, et superviseur de coachs accompagne depuis 2003 les dirigeants, les équipes et les organisations dans les changements culturels, organisationnels et relationnels. Philippe Gaillard est membre associé SFCOACH (Société Française de Coaching) et EMCC (European Mentoring and Coaching Council).