Utiliser la grille de Nasio pour coacher une personne dépressive.
Comment peut-on reconnaître l’état dépressif d’une personne, et en tenir compte lors de son travail d’accompagnement professionnel ? Il s’agit d’une question essentielle, car la réponse que nous apportons, en tant que coach, nous permet d’activer (ou non) les leviers d’action efficaces et adaptés à la personne et à son état, et ainsi de mobiliser l’énergie au bon endroit et au bon moment. Le Docteur Juan-David Nasio, Psychiatre, psychanalyste d’enfants, d’adolescents et d’adultes, a établi une grille de 9 critères observables en situation d’entretien, sachant que la réalité de 5 critères sur les 9 cités permet de faire l’hypothèse d’un état dépressif.
1. Le sujet véhicule une profonde tristesse
qui transparaît dans l’humeur mais aussi dans le corps, les gestes. L’attitude est celle du découragement. Les pleurs sont fréquents, les raisons sont à priori inconnues et/ou non conscientes. Nous allons interroger dans la relation de coaching, le symptôme (la tristesse), ses conséquences, et non les causes.
2. La personne est obsessionnelle
, elle se sent mal aimée, elle rumine, ressasse des pensées obsédantes. Elle éprouve de la rancœur, du ressentiment, de l’amertume. Elle refoule de l’agressivité. Le rôle du coach est alors de mobiliser cette agressivité et de la transformer en énergie pour la personne. Souvent, à l’issue d’une séance de coaching, nos clients nous disent qu’ils se sentent mieux comme revitalisés. Nous leur avons permis de mobiliser l’énergie enfouie en eux, et à cet endroit-là, et d’avancer un peu.
3. Plus rien n’intéresse notre coaché
, il a perdu tout désir, il est comme anesthésiée et montre du désintérêt pour tout ce qui constitue son environnement personnel et professionnel. La terre entière est souvent responsable de son malheur, de son état. Il s’agit d’un critère essentiel qui permet d’identifier l’état avancé de dépression, l’état mélancolique, et sans doute comme coach, d’exercer une alerte auprès de la personne elle-même (lui conseiller vivement de consulter un thérapeute).
4. La personne est lasse
, tout pour elle est facteur d’épuisement, la personne est et se dit clairement fatiguée.
5. La démarche, les gestes, sont lents
. L’énergie est clairement réduite, la personne est corporellement ralentie, ce qui peut générer des difficultés relationnelles avec son entourage professionnel ou personnel. Son attitude agace les autres….Notre rôle est d’identifier les axes sur lesquels l’énergie peut être remobilisée même temporairement (cf critère 2).
6. Notre coaché manifeste des troubles de l’attention
, des difficultés à se concentrer, des pertes de mémoire. Il s’agit de manifestations organiques de son état dépressif, que nous constatons et renvoyons à la personne, comme un symptôme à prendre en compte.
7. Au détour d’une phrase notre coaché exprime des idées suicidaires
: elles sont souvent insidieuses (« si je n’étais plus là demain, personne ne s’en rendrait compte… »), à nous de savoir les repérer, de les écouter, et de ne surtout pas les ignorer, de les relever pour les clarifier, les confronter avec la réalité, sans dramatiser. Nous demandons à la personne de répéter ses propos, pour qu’elle les entende…
8. Le sujet perd de l’appétit
: ce critère est important surtout s’il s’accompagne d’une perte de poids, sans avoir fait de régime, car cela signifie (au contraire de la prise de poids) que la personne ne compense pas. Dans les deux cas, il s’agit d’une situation réelle de danger, sur laquelle le coach doit alerter, la personne d’abord, puis son entourage professionnel.
9. Notre coaché signale des troubles du sommeil
, des insomnies répétées, car il rumine de manière obsessionnelle son malheur….
5 critères observés sur les 9 cités ci-dessus, permettent de déceler un état dépressif, c’est à dire l’effondrement de l’estime de soi.
Cette dépression peut être lourde (mélancolie), ou passagère. Notre devoir de coach est de nous positionner correctement et de ne pas jouer le thérapeute que nous ne sommes pas, au risque d’aggraver l’état de notre client. Nous devons décider en notre âme et conscience si le travail de développement personnel qui nous est demandé est réellement pertinent et envisageable, sans nuire à la personne. Le coaching est une réponse professionnelle à une situation tout aussi professionnelle et identifiée comme en décalage par rapport aux attentes de l’entreprise. Le comportement d’un manager peut trouver sa source ailleurs que dans son aptitude plus ou moins naturelle à animer des équipes, asseoir son autorité, etc… Dans le cadre d’un état dépressif passager, le coaching peut se révéler être un bon levier pour passer un cap. Le coach peut mobiliser l’énergie là où elle se trouve, revitaliser la personne, et lui permettre de sortir par lui-même de cette épreuve personnelle. En revanche, si la personne est ancré durablement dans un état dépressif de plus en plus marqué, alors le coaching peut se révéler être plus un mal qu’un bien, car il ne fera que retarder la prise en charge thérapeutique de notre client. Il est ainsi préférable parfois de faire un pas en arrière, d’expliquer notre position déontologique et éthique, d’expliciter de nouveau ce que peut apporter le coaching, et le contraire, et d’accompagner la personne vers un professionnel thérapeute quitte à reprendre notre travail un peu plus tard….
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